Extrait de février 2005 |
Née à Poucet en 1909, elle obtient son diplôme en 1929. Après des moyennes à Hannut, elle pense faire institutrice à Huy. Mais, elle comprend très vite qu'elle ne sait pas expliquer. Elle décide alors de son métier. Au grand dam de ses parents!!! Il faut aller à Bruxelles pour 2 ans. On est en 1927 ! Cependant, à 20 ans, après un stage à Metz (quelle aventure !), elle obtient son diplôme. Chez les religieuses, à l'Institut de Charité Maternelle, on avait de drôles de coutumes. En effet, Louise, ayant un souci pour l'oral, la chère sœur lui avait procuré une « petit goutte» qu'elle tenait cachée dans le surplis de sa robe de nonne.
La carrière de Louise commencera, pendant 6 ans, par garde-couches. Ca consistait, dans un premier temps, en assistante gynécologique à domicile. Ensuite, elle restait un mois 'sur place à soigner la mère et le bébé. Elle s'occupait uniquement de familles riches. Sa propre maman tombe malade, Louise décide de s'en occuper et de s'installer à son compte. Elle reprend la clientèle de Denise (accouchements à Thisnes et environs, à domicile).
En 35, les gens se déplacent en vélo. Les naissances se déroulent sans médecin. Notre amie va jusqu'à dans les roulottes, car elle ne refuse jamais à personne. Payée ou pas payée? Elle finira par faire des arrangements avec la C.P.A.S.
Des anecdotes? - Elle a mis au monde 3 enfants la même nuit: un
à Thisnes ; un autre, à Marais ; un dernier, à Jandrenouille
; le tout, seule et à bicyclette. - Sa dernière naissance
eut lieu quand elle avait 80 ans: sa parturiente refusait d'aller en clinique
et le médecin ne se sentait pas de taille: Je n'ai jamais fait ça
». Thibault est né en 1990, grâce aux bons soins de
Louise.
Une naissance pendant les bombardements: dans une cave à la
bougie! !! - Quant aux prématurés, elle les mettait dans
une boîte à chaussures avec de l'ouate et plaçait le
tout dans le coffre du poêle.- Des bébés mort-nés,
elle en a eu ; mais, jamais de femme décédée en couches.
En 46, son fiancé Eugène, revenu d'Allemagne, Louise se marie. Malheureusement, celui-ci a perdu la santé, il revient emphysémateux. Il deviendra contrôleur laitier: allant dans les fermes aux heures de traite; le matin et le soir; entre temps, il sera chauffeur de sa femme. Une carrière bien remplie, pour laquelle Louise a vécu à part entière, hors sa famille.
Louise dira qu'elle a été fort heureuse en ménage. Elle a eu une fille: Anne-Marie, institutrice à Thisnes et mère de 3 enfants: Michaël, vétérinaire, Samuel, menuisier et Anne-Françoise, employée. Tous ont encore un pied à la maison et surtout beaucoup de pattes: l'âne de l'une, le mouton et les poules de l'autre...
Pendant toute sa carrière, Madame Winand n'a jamais pris un jour de congé. Quand elle a arrêté de travailler, ce fut pour élever ses petits enfants. - " Michaël m'a emmenée une fois à Lourdes." "Jusqu'à ma fracture, il y a un an d'ici, j'allais toujours à la messe et je faisais tout mon jardin toute seule."
Comme loisir, elle reçoit beaucoup de visites. Si, ma foi, une
petite goutte vous dit... Il y a aussi autre chose...
Louise Winand : une profession disparue, mais, qui sait, en train d'essayer
de renaÎtre?
Encore très longue vie à notre doyenne et toujours bon pied, bon œil, entourée de tous ses petits! ! !