Extrait de "Bonjour à
Thisnes" de André Douette paru
dans le "RENCONTRE" de Thisnes en janvier 2011
LE SAVIEZ - VOUS ? : vies sociale et économique aux XlXe
et XXe siècle
Le saviez-vous? : vies sociale et économique aux X1Xe et XXe
siècles à ,Thisnes
Suite aux crises alimentaires et économiques du milieu du XIXe
siècle, une importante émigration se produit vers le
Nouveau Monde. Des rabatteurs des armateurs anversois sillonnent la
région vantant les méritent d'une nouvelle vie en
Amérique. Les destinations sont le Wisconsin (USA) et le Canada,
nouveaux Eden pour les affamés de Hesbaye. En 1861, 189
habitants quittent le village. Dès leur arrivée aux USA,
ils seront pris dans la tourmente de la guerre de Sécession qui
oppose Nord et Sud, libéraux et esclavagistes. Puis en mars 1881
et 1883, une vingtaine d'autres leur emboîtent le pas, suite aux
commentaires élogieux rapportés par deux Thisnois, Martin
Doneux et Joseph Michel, de retour au pays. Les émigrants sont
transportés sur des voiliers hollandais et
pénètrent jusqu'au cœur du continent nord
américain, dans la région des Grands Lacs. Il est
probable qu'une partie s'établit au nord des Grands Lacs, dans
le Manitoba canadien. Ils n'ont donné aucune trace de leur
existence. L'autre partie s'installe dans le Minnesota
américain, dans la région de Faribault. Eux non plus
n'ont pas donné beaucoup de nouvelles au pays, mais une lettre
du 2 octobre 1883 écrite par le curé de leur paroisse au
curé de Thisnes donne des nouvelles positives: « Joseph
Pineur a acheté 40 acres de terre... Jean et Flore
Longrée sont pauvres, mais ils continuent à travailler et
à économiser. .. Plusieurs ont des teffes pas mal
grandes... »
En 1900, le village de Thisnes compte 6 marchands de bestiaux, 5
marchands de farine, 3 marchands de grains, 4 maréchaux
ferrants, 3 selliers bourreliers. Comme artisans, on compte 2
maçons, 2 menuisiers charpentiers, un serrurier. Le commerce
local est représenté par 3 barbiers, 6 chausseurs, 10
couturières, 2 lingères, 3 modistes, 1 pharmacien, 5
tailleurs. Pour le petit cultivateur, la journée est longue et
la vie assez rude. La clarté du jour règle la
durée du travail: s'occuper des bêtes, les nourrir, les
traire, les mettre en pâture puis recommencer le soir. S'occuper
de la valorisation du lait: écrémage et fabrication du
beurre. Les saisons rythment les travaux: labourage, hersage,
plantation d'hiver ou de printemps, travaux d'entretien et binage,
sarclage, moissons, déchargement dans les granges,
déchaumage et
extirpage, récolte des pommes de terre puis des betteraves,
labour, battage à la machine. Quant aux ouvriers qui travaillent
à la ville, dans les usines et les charbonnages de Liège,
ils se lèvent à 4 heures du matin et ne retrouvent
leur logis qu'à 20 heures. Ils doivent parcourir à
vélo la distance qui les sépare de la gare de Hannut puis
prendre le train vers Landen et vers Liège, avant de parcourir
la distance qui les sépare de leur atelier. Une vie de brute!
Ils ont aussi un lopin de terre qu'ils cultivent le dimanche ou
après leur longue journée de travail. Beaucoup
élèvent un porc ou tiennent une vache. L'artisanat est
lié à la construction (briqueteries). Il existe aussi 2
brasseries.
En 1910, les progrès agricoles favorisent les cultures riches
qui profitent de l'utilisation des engrais chimiques et des
progrès biologiques.
Durant la guerre 14-18, les exploitants dont la culture totale comprend
au moins un hectare ont dû organiser des patrouilles nocturnes
pour assurer la surveillance des récoltes.
Au moment où sonnent les clairons de la seconde guerre, le
village compte 2 fermes de plus de 100 hectares, 4 de 20 hectares et
environ 150 labours de 4 à 15 hectares. Sous l'occupation,les
paysans sont soumis à des réquisitions de chevaux et de
production, quand ce ne sont pas leurs hommes qui sont envoyés
en « travail volontaire» dans les usines allemandes.
Dans l'après-guerre 40-45, une nouvelle physionomie agricole se
met en place tant dans les exploitations que dans les cultures. Le
nombre d'exploitations se réduit de plus en plus, au point qu'en
2000, on n'en compte plus que 6 alors qu'elles étaient au nombre
de 200 de façon assez stable de 1900 à la fin de la
seconde guerre. La mécanisation est devenue une
nécessité absolue avec un engagement considérable
de capitaux. A cette époque, des saisonniers arrivent: des
Flamands qui viennent de Diest - Montaigu à pied pour faire leur
semaine dans la saison des betteraves surtout. Ils sont logés
dans les granges, dans des pauvres conditions.
Tout s'accélère à la fin de la seconde guerre avec
un changement drastique de la structure sociale. En nombre et en
importance, le cultivateur perd sa prééminence. Il est
remplacé par l'employé.
Extrait
de « Bonjour de Thisnes » André Douette 2009