« Cartîgna » : Petite lettre brésilienne.
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                                                                                          Itaberaí, le 21 novembre 2000.

Chers Amis,
 

Trois mois se sont écoulés depuis mon départ de Belgique.  Si déjà nous avons brièvement échangé quelques nouvelles, cette première lettre à présent va vous décrire et vous partager quelques premières impressions, rencontres et nouvelles.

  Mais avant cela, un tout grand merci pour le courrier que vous avez eu la gentillesse de m’envoyer. Merci pour tous vos messages d’amitié qui me sont bien parvenus sous forme de lettres, de fax, d’E-mail et par téléphone.  Plongé à cent pour cent dans la culture brésilienne, que j’aime bien sûr, j’ai aussi apprécié le fait de pouvoir lire vos lettres en français ou de vous entendre au téléphone.  Ici, l’accueil fut très chaleureux : le peuple brésilien exprime fortement ses émotions, et je peux vous dire qu’en trois mois, je me suis déjà bien adapté au mode de vivre latino-américain.  Mais nos « racines » sont des liens mentaux et existentiels que nous emportons « partout » avec nous !  Aussi, vos nombreuses marques de sympathie m’ont apporté ce supplément qui fait du bien à l’âme !  Merci à tous.  Merci  beaucoup !  Vos messages des premiers mois resteront inoubliables.

  Mercredi 30 août 2000.  Il est 9 heures du matin.  Une nouvelle étape commence.  Dans le hall d’accueil de l’aéroport, l’arrivée de mon vol est annoncé.  Dom Eugênio et un ami français sont là et attendent, debout, en grande conversation.  Le visage de l’évêque de Goiás est  traversé d’un large sourire quand il m’aperçoit passant le portique de la zone de transit.  Vêtu d’une chemise légère, il vient aussitôt à ma rencontre, me tend les bras et c’est d’une chaleureuse accolade qu’il me souhaite la bienvenue.  Heureux, parlant et riant tout en même temps, nous échangeons nos nouvelles belges et brésiliennes.  Le vol RG 741 Francfort-São Paulo s’est bien passé, tout comme la liaison vers ce petit aéroport de  Goiânia où les passagers débarquent à même la piste près des locaux  d’accueil et du contrôle des bagages.

  Je suis en tenue d’été.  Aujourd’hui, le mercure grimpera jusqu’aux 35 degrés et ce n’est pas exceptionnel ici.  Dom Eugênio nous conduit à travers la ville.  Nous passons à côté de la station des bus qui me rappelle le séjour de janvier et mon voyage en provenance de São Salvador.  Goiânia est la  capitale administrative de l’Etat de Goiás.  Elle fut créée de toute pièce en 1935 pour héberger 300.000 habitants.  Aujourd’hui, 1.500.000 citadins peuvent apprécier ses parcs et avenues, dans une intense circulation routière comparable à celle de Bruxelles.  Remarquable par  sa végétation tropicale et  ses pièces d’eau , Goiânia a été imaginée sur base d’un plan circulaire.  Au centre, son palais municipal, aujourd’hui entouré d’innombrables grattes-ciel.

  Il est 11.30 heures.  Nous avons pris l’unique route qui nous mènent à Goiás.  Bordée de champs de canne à sucre, de maïs, de riz, de manioc, … et de prairies où paissent de grands troupeaux de vaches, cette route est constituée d’une double voie rapide.  Au loin, devant nous et sur les côtés, de petites collines arrondies, boisées et très jolies forment l’horizon.  Le paysage ondule autour de nous.  De petites cités et des villages plus ou moins grands sont disséminés dans ce paysage dont les tons dominants sont le vert, le bleu du ciel et le rouge sombre si caractéristique de la terre d’ici.

                        Dans les côtes, nous rattrapons d’énormes camions qui traversent le pays chargés de marchandises.  De petits attelages d’une charrette tirée par un cheval circulent aussi, signes que de nombreuses familles ici sont modestes ou pauvres.  Aux carrefours principaux, là où le trafic ralentit,  dans de petites boutiques ou de simples cabanes,  des familles paysannes vendent le produit de leurs journées :  fruits, légumes, volaille, fromages… Des marchands  ambulants proposent tout ce qui sert au ménage.  L’artisanat - vannerie, poterie, vêtements - est toujours très joliment décoré, fruit d’une longue une tradition culturelle.  Que de couleurs !

  Au long de la route, se déploient aussi des campements de nombreuses tentes noires.  Faites d’un simple plastique d’emballage industriel tendu sur des piquets ou des branches savamment arrangées, ces tentes noires constituent autant d’abris précaires de familles entières réduites à devoir y vivre, parfois des années, selon des conditions de vie humainement intolérables.  Souvent regroupées par le Mouvement des Sans-Terre ( M.S.T. ), ces familles revendiquent le droit d’occuper et de cultiver des terres laissées en friche par leurs propriétaires.  Ces femmes et ces hommes mènent un combat juste : celui du droit à pouvoir nourrir leurs enfants et c’est un scandale de laisser ces familles démunies à côté de terres inexploitées.  Sur < http://thisnes.citeweb.net > vous pouvez découvrir des photos  d’ici.  Parmi elles, la manifestation du « cri des exclus ».

  Il tarde ici le temps de la justice pour ce peuple courageux et attachant, chaleureux, pauvre et souffrant.  Le système économique brésilien, au long de 500 ans, a été concentré entre les mains d’une minorité exploitante, aujourd’hui toujours plus puissante, comme c’est le cas au plan mondial pour  de nombreux peuples et ethnies.  Profondément religieux, ce peuple porte ses luttes sociales au cœur de sa foi, soutenu et aidé par des évêques engagés avec lui sur un chemin de libération.  Dans une prochaine « petite lettre », je vous présenterai nos priorités pastorales.
 
  Ici, l’évangile est lu sous son angle le plus fort d’engagement collectif pour la dignité de tout être humain, filles et fils de Dieu, en priorité celle des plus pauvres.  A la manière de Jésus, le bon berger, qui convoquait ses disciples pour un grand changement, chaque communauté chrétienne est priée de prendre comme option de se laisser guider par l’Esprit Saint pour le service du Règne de Dieu en ces heures obscures, confuses, violentes, qui tant de fois laissent des femmes et des hommes sans courage et sans force pour réaliser la communion et la solidarité.  Mais l’Evangile est force, source de vie, lumière, et Bonne Nouvelle de Dieu pour le monde.
 
  Accueilli à Itaberaí par les Pères Maurizio et Eligio, je viens de vivre ici trois mois d’expérience marqués par une grande de joie de vivre.  Et, dans quelques jours déjà, exactement à partir du mardi 28 novembre prochain, je partirai rejoindre deux nouvelles paroisses : celles de Fazenda Nova et de  Novo Brasil pour préparer une très belle fête, spécialement ici : Noël.

                       Je vous souhaite donc de vivre aussi un temps d’Avent enrichissant et de célébrer Noël toutes et tous habités de grâce, de paix et de lumière… car le Sauveur naît encore aujourd’hui loin des palais des puissants  et dans la demeure des humbles.  Que cette demeure soit la nôtre et que le Seigneur guide nos pas.  A chacune et chacun de vous, à vos familles : « Sainte et Heureuse Fête de Noël » et « Bonne Année 2001 ».

                      Père Paul

ATTENTION     Nouvelle adresse     Padre Paulo WAFFLARD
                                                                       Paróquia Nossa Senhora da Abadia.
                                                                       Praça Central, s/n,
                                                                      CEP 76.220-000      Fazenda Nova – ( GO ).
Tél : + +  55 /  62 / 382.12.58.                                                           BRASIL

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Pour renseigner « Cartîgna » - Petite lettre brésilienne à des amis, veuillez vous adresser à : Bernadette et Patrick DE COCK, Route de Wavre, 157 – 4280 THISNES  Tél : 019 / 51.41.47.

Pour les dons supérieurs à 1.000 FB, vous pouvez recevoir une attestation pour exonération fiscale.  Dans ce cas, utilisez le compte : 196-2827231-27  de GRAND HANNUT-TIERS-MONDE, ASBL, 4280 HANNUT avec la notice : « Oeuvres du Père Paul au Brésil »

Cpte 833-5103733-45 : « Oeuvres du Père Paul au Brésil » - Route de Wavre, 157 – 4280 THISNES.