Nous avons 3 cloches: une petite (+/- 700 kg) qui sonne la
note MI ; une moyenne (+/-850 kg) qui sonne la note RE et une grosse de
plus de 1000 kg qui sonne Ie DO. Les deux plus grosses avaient ete
emportees par les allemands pour etre fondues, mais ont ete remplacees
quelques annees apres la guerre grace a une gemereuse collecte de tous
les habitants.
Pour sonner Ie glas, on faisait chanter les cloches selon la melodie
MI-RE-DO-RE MI-DO. On distinguait la « petite sonnerie » et la « grosse
sonnerie ». II fallait payer plus cher pour obtenir la grosse sonnerie.
Cela tenait au fait que la petite sonnerie pouvait etre actionnee par un
seul sonneur qui tirait successivement les trois marteaux contre les
cloches immobiles, tandis que la grosse sonnerie necessitait deux
hommes, Ie premier au niveau du jube pour mettre en mouvement la grosse
cloche avec la corde, et Ie second au niveau des cloches pour actionner
directement les battants des deux petites cloches
.
Pour la grosse sonnerie en effet, on basculait d'abord la grosse cloche
jusqu'a I'arretoir qui I'empecha it de faire Ie tour complet. On
laissait alors retomber la grosse cloche et avant qu'elle ne sonne, il
fallait jouer les deux petites (MI-RE), puis apres Ie DO assourdissant
de la grosse cloche, a nouveau les deux petites (RE-MI) suivi de
I'enorme DO de la grosse cloche qui remon tait jusqu'a son arretoir.
Cette maniere de faire avait pour effet que Ie DO de la grosse cloche
etait tres bruyant ; la melodie donnait : mi-re-DO-re-mi-DO. II fallait
evidemment tenir correctement la cadence.
Le jour de I'enterrement, a la sortie de la messe, on liberait
definitivement la grosse cloche (done sans la bloquer a I'arretoir) ; Ie
mouvement allait alors de plus en plus vite , mais aussi de moins en
moins fort jusqu'a expiration du mouvement de la grosse cloche.
L'electrification des cloches a mis fin a cette maniere de sonner Ie
glas car il n'y a plus moyen de retourner la grosse cloche jusqu'a
I'arretoir : on se contente done maintenant, d'une fluette petite
sonnerie.
La sonnerie « a la volee », c'est-a-dire, les trois cloches ensemble, Ie
plus fort possible, a egalement disparu par la vertu de la
modemisation... Que de fois, les acolytes n'ont-ils pas fait « basculer
» la cloche moyenne (moins lourde que la grosse), tant ils tiraient
pour la faire sonner Ie plus fort possible!
Sic transit gloria mundi...
Andre Mottet