« Cartîgna » : Petite lettre brésilienne.
                                                                                                Fazenda Nova le 28 mars, 2001.

          Chers Amis,

                                 Quatre mois se sont écoulés depuis mon arrivée à Fazenda
         Nova, une petite ville au charme méridional arborant fièrement l´éclat de ses
         flamboyants en fleurs au gré de places et d´avenues inondées de soleil.  Dès 7
         heures du matin, décontractés et souriants, par petits groupes de voisinage,
         les premiers étudiants se rendent au lycée.  Ici, pouvoir étudier est une chance !

                                 Les 28 et 29 novembre 2000 furent deux jours de fête pour les
         neuf communautés de Fazenda Nova et les huit de Novo Brasil.  En me
         présentant, Dom Eugênio rappela la mission de chacun.  Membres de la
         communauté et catéchistes, animateurs,  agents pastoraux ou prêtres, nous
         avons  « en ce nouveau millénaire, à être Eglise comme une présence
         prophétique et missionnaire, particulièrement au coeur des quartiers
         périphériques des villes, pour former des communautés qui suivent
         Jésus-Christ et se ressourcent de l´expérience évangélique. »  Doivent faire
         partie de notre vie ces quatre exigences : le témoignage, le service, l´annonce
         et le dialogue.

                     Quelques 38 kms séparent Fazenda Nova de Novo Brasil :

         42 kms pour rejoindre Jussara, la paroisse du prêtre voisin le plus proche.  A
         vous de calculer, mais suivant ces indications, le prêtre voisin le plus proche de
         Crehen, Thisnes ou Hannut habiterait aux environs de Liège, Namur ou
         Louvain.

                     Dans un rayon de 25 kms autour de Fazenda Nova se
         répartissent les communautés de Mangueira, Bacilândia, l´Assentamento de
         Nossa Senhora de Fátima, Iapiruara, Cristo Libertador, Serra Dourada, Vila
         Nova et le Setor Aeroporto.  De même façon, Novo Brasil est entourée de
         Carandá, Capim, Baratá, Taquaral, Novo Goiás, São José et Matinha.  Si,
         depuis des années le gouvernement brésilien développe le réseau routier
         national, force est de constater qu´actuellement encore seules les liaisons
         principales entre villes sont réalisées.  C´est par des routes de terre battue et
         de véritables chemins de campagne que nous rejoignons mensuellement
         chacune des communautés.

                     Les paysages sont grandioses.  La faune et la flore rivalisent de
         charme et de beauté.  Dans cette région de plaines, de forêts et de rivières
         alternent collines et vallées au coeur desquelles on ne cesse d´éprouver ce
         souffle intense de liberté tempéré de grande humilité.  Quand alors pointe
         l´orage, tout s´obscurcit soudain et ces chemins de rocailles rapidement sont
         ravinés d´une pluie diluvienne.  En voiture dans l´averse tropicale l´aventure est
         complète.  De ses 254.000 kms au compteur,  âgé de 10 ans, combien de
         temps le véhicule paroissial tiendra-t-il encore pour nous mener aux
         rendez-vous quotidiens ?

                      La prudence consiste ici à ne jamais battre campagne seul.  Les
         Brésiliens aiment se joindre à la religieuse ou au prêtre pour vivre le  ministère
         de Visitation.  C´est la joie de bavarder, blaguer et commenter chemin faisant
         les dernières nouvelles.  Les distances ici se chiffrant en dizaines de
         kilomètres et tout pouvant survenir de par la précarité de la voiture et des
         chemins, c´est un impératif pratique que d´accompagner tout qui se met en
         route et de profiter de l´occasion pour aller saluer, qui, une partie de sa famille,
         qui, des amis et connaissances.

                     J´espère ici vous faire découvrir le tempérament de ma région
         « Rio Vermelho » - « Rivière Rouge » - et goûter un peu du sel de mes
         journées.  Depuis combien de générations toutes ces données typographiques
         ont-elles modelé et continuent-elles d´influencer la façon de penser et d´agir, de
         travailler et de vivre ici ?  Je peux vous présenter Joaquim, Syrlène, Divina,
         José, Térézinha ou Ana : vous les situerez dans ce cadre géographique et
         culturel sans la maîtrise duquel tant de choses restent incompréhensibles.

                                 Aparecida occupe une maison de quatre pièces donnant une
         impression de grand vide.  Face à une table et quelques chaises, l´unique
         buffet de cuisine compte toute sa vaiselle.  Le salon est riche de deux canapés
         propres et usés dignement recouverts d´une couverture.  L´accès aux
         chambres à coucher est fermé par la toile chamarée faisant office de porte
         d´intérieur.  Ce qui compte le plus pour elle sont la famille et l´amitié.  Dans
         l´antre d´Aparecida,  chacun se sent bien : un accueil fait de grâce et de bonté.
         A 80 ans, sa mémoire et son ouïe flanchent : comment peut-elle vivre là ?

                                 Carmélita, sa petite-fille de 20 ans à peine, attend un second
         enfant et habite là en l´entourant d´affection intense.  Nous sommes au coeur
         de la visitation, rencontre d´Elisabeth et de Marie.  Le  garçon de Carmélita et
         sa cousine de 4 ans le dépassant d´une tête croquent un pain  à belles dents.
         Une vie simple, bonheur d´Aparecida, est plus important qu´un grand confort
         sans présence.  Le travail pourtant manque ici pour bien gagner sa vie.  Mais
         l´évangile a pour nom solidarité.  L´argent est partagé pour couvrir les frais
         élémentaires : se nourrir, se vêtir, l´école des enfants.

                     En remerciement de l´attention que vous me manifestez et en
         reconnaissance de votre générosité, je vous partage ces quelques nouvelles
         d´une vie bien animée.  De nombreuses lettres me parviennent avec régularité :
         à mon tour ici de vous répondre et de vous en remercier.

                       Dimanche 11 février, l´Eucharistie célébrée à Thisnes fut
         présidée par Dom Eugênio, l´évêque de ce diocèse de Goiás.   Il tenait
         beaucoup à vous rencontrer !    C´est non sans émotion que j´ai reçu ensuite
         les excellents échos de sa visite et de l´accueil chaleureux que vous lui avez
         manifesté.  Quel bonheur pour vous d´avoir quelques nouvelles de vive voix !

                     A présent, que la Fête de Pâques qui s´approche soit pour
         chacune de vos familles sans en oublier aucune : « Joie de Résurrection ! »
         Qu´à la lumière de l´Evangile, nous trouvions chacun  force et courage pour
         vivre des engagements habités de grâce et de paix.  Bonne continuation à
         chacun.
 

Père Paul.
Adresse :     Padre Paulo WAFFLARD
Paróquia de Nossa Senhora da Abadia.
Praça Central, s/n,
CEP 76.220-000       Fazenda Nova – ( GO )
BRASIL

Tél :          + + 55 / 62 / 382.12.58

Fax :         + + 55 / 62 / 381.12.32

E-mail : < paul.wafflard@cultura.com.br >
Site internet : < http://thisnes.citeweb.net >     Voir dans « informations générales » : « le Coin du Père Paul »