Nouvelle Cartigna Décembre 2008   
Goiâs, le 1er décembre 2008.

Chers Amies et Amis,

Le 25 juin, je participais à une rencontre du clergé à Goiâs. Les débats terminés, Eugène Rixen, notre évêque, souriant vient vers moi pour prendre de mes nouvelles. «Je t'ai trouvé bien animé pendant la réunion. Je pense que tu devrais venir te reposer quelques jours au monastère.» Ces quelques jours furent quelques mois. Le 12 octobre, célébrant Notre-Dame Aparecida, je concluais mes engagements à Fazenda     Nova. Je commence une nouvelle étape de ma vie.
   '
« On ne possède pas le bonheur comme une acquisition défInitive. A chaque instant, il s'agit de faire jaillir une étincelle de joie et de sourire au monde pour qu il soit bon d'y vivre ». l'apprécie le réalisme joyeux que vivait Sœur Emmanuelle. La joie est une source cristalline qui transcende nos doutes, nos recherches, nos rencontres, nos épreuves.

Les huit années passées à Fazenda Nova furent riches d'enseignements. J'y ai compris pourquoi l'option préférentielle pour les pauvres fait surgir des oppositions. Peut-on lutter pour la dignité de la vie pour tous sans affronter des vents contraires et être ballottés dans les barques fragiles de nos communautés ecclésiales de base. Une fois passée la tempête, revient le calme, r espérance, le bonheur. On est devenu plus humble. On est un peu plus loin, un peu plus unifIé.

Ce n'est pas nécessaire de donner tous les détails car il revient à chacun de vivre sa vie fIdèle à ses rêves. Le dimanche 16 novembre, Eugène notre évêque a convoqué une nouvelle réunion pour tenter de résoudre la crise de Fazenda Nova. Comme c'est le cas partout, la mise en oeuvre du Concile Vatican II est loin d'être réalisée. Nous nous trouvons toujours à chercher le mode d'emploi pour passer d'une Eglise centralisatrice, excessivement hiérarchique à une Eglise participative, démocratique, solidaire des pauvres, considérés véritables acteurs de leurs destins.

, Ce n'est pas un hasard. La veille, je reçois ce message: « Paul, cette nuit j'ai fait un rêve. Tu transmettais la paix et la tranquillité. Continue ainsi. J'ai la nostalgie de ta présence ici à Fazenda Nova» J'ai répondu: « Sueli, chère amie de toujours, ici à Goiâs, je priais avec la communauté du monastère quand mon GSM en mode « silencieux» s'est mis à clignoter et m'a transmis ton message. C'est bien de me communiquer ce rêve que Dieu t'a donné la joie de faire. Il vient un peu alléger mes préoccupations. Oui, Dieu se rencontre dans la paix. Mais la paix n'est pas l'absence de conflits. C'est lutter pour que vienne plus de justice sociale, plus d'égalité et de fraternité, plus de respect des droits humains. La paix, c'est agir, lutter, croire. Je ne demande pas à Dieu la tranquillité mais le courage du prophétisme comme r a fait notre ami de toujours, un certain Jésus de Nazareth. Merci SuelL Je t'embrasse bien fort. Amitiés à toute ta famille.

Les moments de sérénité existent. Comme vous, j'ai expérimenté des erreurs, des traliisons, des déceptions, des incompréhensions mais aussi la fIdélité et l'amitié. Il nous faut mourir pour porter du fruit." (Jn 12,24)
C'est ce que, du fond du cœur, je vous souhaite, à vous mes meilleurs amies et amis pour connaître
de vrais et courts moments de bonheur, au cœur d'inévitables nouvelles turbulences rendant possibles d'autres nouveaux dépassements.
A cet ami qui en juillet 2000 me demandait ce que j'allait FAIRE au Brésil, j'avais répondu: « Je ne vais rien y faire mais seulement y vivre. » Aujourd 'hui, n'est-ce pas ce que je suis en train d'expérimenter? Nous sommes des activistes. Choisir de vivre l'Evangile nous fait découvrir qui nous sommes. Tentons simplement de vivre l'enseignement du Christ.

Avec lui, je dois chercher à mieux savoir ce que je veux et qui je voudrais être. C'est uniquement nous qui pouvons prendre nos décisions. Je suis heureux d'avoir appris que j . ai trop vécu en me fIant trop aux . autres. Je pense aujourd'hui, qu'il est meilleur de faire confIance aux autres en sachant avant tout soi­même ce que l'on veut
.
Le 9 janvier, nous écoutions Camilo nous parler du manque de prêtres au Mozambique. Au début février, Eugène nous disait qu'il recevait régulièrement des appels venant d'Amazonie. Le 25 avril, à ma demande pour partir comme missionnaire en Amazonie, il m'a proposé quatre destinations possibles. Après les remous de Fazenda Nova qui m'ont affectés psychologiquement, il nous est appanJ meilleur de laisser l'Amazonie pour 2010 et de prendre un an de transition et de préparation en assumant un nouvel engagement dans une paroisse du diocèse.

Nous pensons à la paroisse d 'Itapuranga qui a déjà un curé, Vilmar, mais où un travail social est important à réaliser dans toute une région envahie par l'implantation intensive de la canne à sucre pour fabriquer r éthanol. Une pastorale sociale y accompagne les migrants venant du Nord-est pour couper manuellement la canne à sucre dans des conditions de semi-esclavage. A Itapuranga,je n'aurais donc pas une responsabilité de curé mais j'y renouerai avec mes a.<>pirations de prêtre d' Action Sociale, comme en Hesbaye, ce qui me va bien.

Lors d'une rencontre de fonnation d'un projet réunissant trois pastorales, celles de la terre, de l'émigration interne brésilienne et de la santé, notre évêque nous rappelait la mission d'accompagner les plus pauvres rencontrés dans ses visites pastorales. Comment allons-nous promouvoir la dignité et les droits de ces travailleurs dans un contexte de politique libérale d'un gouvernement brésilien prônant la production d'éthanol pour résoudre le scandale de la faim au Brésil? Faut il accepter cette rentrée de devises qui vont remplir les poches de quelques uns qui investissent dans des secteurs économiques sans souci d' aider les plus pauvres?

Les conflits sociaux augmentent et sont dus aux inégalités toujours plus grandes. Suite à un cours sur la non-violence active du Mahatma Gandhi, j'ai demandé aux 7 collègues, des personnes déjà bien engagées, s'ils acceptaient de m'aider à rechercher des pistes de non-violence active pour résoudre les conflits liés à la terre. Grands défis à relever. Nouveaux chemins à trouver.

Nous continuons à lutter pour soutenir Dom Luis Cappio, l'évêque de BalTa, et les nombreuses organisations sociales qui refusent la transposition du fleuve Sfio Francisco. Merci à vous toutes et tous qui vous êtes mobilisés. J'aurais pu passer en revue toutes les activités inscrites dans mon agenda. Mais je pense que le bien ne doit pas faire de bruit. Chacun là où il vit, chacune là où elle vit, agit avec d'autres dans le respect des différences... Les différences sont une richesse. Mais comme elles sont difficiles à hannoniser sans conflit. Chacun à ses centres d'intérêt et sa manière de penser. Sur quoi peut-on céder? Que faut-il maintenir sans transigeance ?

Deuxième partie

Samedi 31 janvier 2009, à 17.00 heures. mon déménagement (mes caisses de livres et dtann,otations) est, parti pour le joli village de Diolandia, hameau de IT APURANGA-GO. Il se situe à 250 km de Fazenda Nova, que j'ai quitté le vendredi soir, en y célébrant une dernière eucharistie très festive. 250 km: pour vous, c'est équivalent à traverser toute la Belgique! ! !
Ici, c'est le même diocèse. Tout mon déménagement a pris place dans une camionnette VW.
Parce qu'ici, les prêtres ne déménagent pas les meubles du pres'bytère. Et comme je n'ai aucun meuble personnellement.. .
C'est dire que je ne suis pas encore embourgeoisé.

Une fois la camionnette VW partie, dans un bruit de moteur hallucinant, je suis allé déguster une bonne glace sur la place, puis je me mets en route aussi avec la voiture d'occasion que j ai achetée..
J'ai déjà parcouru 6.500 km depuis son achat, vers le 5 novembre 2008.
C'est pour vous donner une idée des frais de V('1Îture que l'on a ici, si on veut bien travaille~. (Je roule à l'alcool- 1,55 realle litre)
Plus les changements réguliers des 4 pneus, vu l'état des routes. Sans compter les pièces de mécanique. DIOLANDIA veut dire: LA TERRE DE DIEU.
Hier, dimanche 01 février 2009, de 08.00 heures à 16.00 heures se tenait la première rencontre de
l'année avec tous les responsables des quarante-sept communautés (47) et de Mouvements (une vintaine) pour le lancement de l'année pastorale paroissiale 2009.
Ce fut mon premier contact local. Excellent accueil!
Je vais à ltapuranga comme prêtre auxiliaire, je n'y suis pas le curé, avec l'intention de pouvoir faire davantage de travail social (convenu avec Eugène), c'est ma branche.
Comme dit plus haut, le vendredi 30 janvier 2009, j'ai célébré une dernière fois à Fazenda Nova à la demande dtune communauté de la périphérie, dans le secteur Aeroporto.Exactement ce que je souhaitais vivre, ce fut une fête simple et sincère.

Ce sera un très très bon souvenir.

Père Paul.


Voici ma nouvelle adresse à partir du 1 ° janvier 2009:
Padre Paulo W AFFLARD, Rua 46, N° 1324 -- Centro - Caixa Postal 25.
CEP: 76.680-000 - lT APURANGA (GOIAS) - BRASIL - G.S.M.: +55.62.91.97.22.99
Merci à vous toutes et tous qui m'accompagnez en pensée, en prière et financièrement dans la mesure du possible. Votre aide financière m'a permis d' acheter une voiture d'occasion et d'aider, entre autres, le Mouvement des Sans Terre. Je désire qu'un jour vous puissiez venir nous rendre visite. Eugène et moi, nous pourrons ainsi vous partager ce qui nous rend heureux. Que toutes nos bonnes paroles se transfonnent en actes. Joyeux Noël de Paix et d'Amour. Heureuse Année 2009.

Père Paul.

Père Paul WAFFLARD - E-mail: paul.wafflard@cultura.com.br G.S.M.: +55.62.91.97.22.99 Site : http://www.thisnes.be- Cliquer: Infos pratiques, cliquer: Associations et adresses utiles, cliquer: Coin du Père Paul. Compte 833-5103733-45 - Oeuvres du Père Paul au Brésil, ­Route de Wavre, 157,4280 Thisnes.