Article paru dans "Vers l'Avenir" le 3 novembre, 2000

Notre invité - Frédéric Gustin

Le chasseur de mémoire
La profession de Frédérick Gustin? Chasseur de trous de mémoire, pourrait-on dire. Le Rideau Thisnois présente une de ses pièces ce weék-end.

Peintre, écrivain, metteur en scène, Frédéric Gustin va voir, pour la première fois, une de ses oeuvres théâtrales jouée dans la région. Ce sera ce week-end, à Thisnes, loin des murs de Bruxelles où il sévit en tant qu’homme de.théâtre d’un genre un peu particulier.
Ce sont les jèunes comédiens du Rideau Thisnois qui, sous la direction de Damelie Renard, donneront vie au « Nain qui voulait devenir nain de jardin», l’un des textes du Thisnois d’origine.

Frèdèrlc Qustin, qui êtes-vous?
J’ai trente-cinq ans, j’habite actuellement Bruxelles, mais je reviens régulièrement à Thisnes dans la maison de ma grand-mère pour peindre et écrire. Je n'arrive pas à produire quoi que ce soit en ville.   A Bruxelles, je  travaille pour un centre de jour (La Braise) qui s’occupe de personnes traumatisées crâniennes. Là-bas, je suis entre autres écrivain de pièces de théâtre et metteur en scène pour les patients du centre. Le challenge, c’est que ces personnes sont atteintes de troubles de la mémoire, donc pas prédisposées à retenir un rôle par coeur. C’est parfois difficile et cela peut prendre beau-coup de temps: il arrive parfois qu’un comédien oublie complète-ment avoir joué une scène que nous répétons depuis plusieurs semaines. Ce qui fait que nous cachons les textes dans le décor... !

Avez-vous une formation particulière?
Non. J'ai été engagé à La Braise pour ma polyvalence. En tant qu’artiste, je suis un autodidacte, mais j’ai toujours été entouré de bonnes personnes qui m’ont guidé: des profs de français ou de peinture par exemple. Mais vivre de cela, c’est très difficile...

Cependant, vous avez maintenant la chance de pratiquer un métier qui emploie vos qualfté.s d’artlste....
C’est vrai que c’est une chance. Le théâtre n’est pas un travail pour moi, c’est un plaisir.Etre payé pour faire du théâtre, c’est rare. En plus, quoi de plus agréable que de voir quelqu’un qui lit un de vos textes et dit que ça lui plaît. Même au travail, il faut avant tout que la pièce que j’ai écrite plaise aux acteurs qui vont la jouer

Et  qu'elle plaise au public...
Oui. Au départ, il est vrai que nous jouions devant un public acquis. Mais petit à petit, il s’est étoffé, grâce au sôutien du Rideau de Bruxelles et de l’écho médiatique de notre projet: nous avons fait la une du Soir, par exemple. La particularité de notre travail a même fait des adeptes en France où un centre similaire a repris cette idée. Le théâtre est pour les patients du centre un véritable outil de réinsertion sociale,- et c’est d’ailleurs le but que nous poursuivons.

Comment une de vos pièces a-t-elle abouti à Thisnes?
J’étais auparavant tenancier d’une taverne à Thisnes, ce qui fait que j’ai beaucoup de connaissances ici. J’ai rencontré Danielle Renard qui cherchait un spectacle pour adolescents. Je lui ai proposé « Le nain qui voulait devenir nain de jardin » et elle a décidé de la monter. C’est la première fois qu’une de mes pièces sera jouée par des personnes dites valides et c’est une véritable reconnaissance pour les comédiens de La Braise.

Pouvez-vous expliquer le thè-me de cette pièce?
Comme son nom l’indique, c’est l’histoire d’un nain qui sort de sa forêt pour pàrtfr à la recherche de son jardin. En chemin, il va rencontrer plusieurs personnes qui vont lui donner des indices qui l’aideront à poursuivre sa quête.

C'est un conte...
Oui, un conte philosophique qui s’adresse à tous les âges. Sans prétention je dirais, parce qu’on m’a plusieurs fois fait la réflexion, que c’est une pièce qui se rapproche du « Petit Prince ». L’histoire du « Nain qui voulait devenir nain de jardin » peut être prise comme une métaphore de la vie où le jardin re-cherché serait l’amour et où la rencontre joue un rôle déterminant. Je crois beaucoup aux rencontres et je pense qu on ne peut avancer dans la vie que par des rencontres.

Ce week-end à Thisnes, vous mettrez votre rôle de metteur en scène de côté...
Oui, j’y serai en tant que spectateur. Ce sera intéressant pour moi de voir comment le texte sera interprété par une autre troupe et un autre metteur en scène.

Quels sont vos projets pour la suite?
J’exposerai mes toiles à la galerie du Château Mottin le 12 janvier
2Q01 grâce au Centre culturel. Et puis on parle d’un festival de théâtre
à Hannut et c’est un autre de mes projets que d’y participer.

Propos recueillis par
Alain VIATOUR