Extrait de  septembre 2005

Des gens d'ici - le ciquantième article sur les années d'avant guerre

Pour mon 50ième article, j'ai souhaite procéder un peu différemment. Je parlerai de tous les gens d' ici, mais a l'époque des années 35-40. L'idée était de faire une tranche de vie de 50 ans partant de là. Mais, je n'ai pas obtenu toutes les pages de« Rencontre» I!!

Pour ce faire, j'ai réuni chez ma maman,« autour d'un' bon jatte», trois mémoires vivantes : Jeanne Distendu, 83 ans, neé route de Wavre; Flora Landrain (ma tante), 81 ans, issue de la Vallée, et une dame de la Gohalle qui désire garder I'anonymat.
Je vais vous ènoncer une liste, faite par Jeanne, sur la profession des gens à I' époque Ca peut paraître rébarbatif a priori, mais,  J'espère que vous en comprendrez l'intéret

Nous prenons toute la population de la grand-route sur sa portion Thisnes-en-Hesbaye (était nous, et c' était beau). Nous avons: 1 bourrelier, 1 maréchal ferrant, 2 cordonniers, 2 « beurre et oeufs », 1 brasseur, 1 boulanger, 3 cafés officiels (plus des tas d' endroits non déclares ou on dansait et versait à boire), 6 magasins, 3 marchands de charbon, 1 marchand de vaches, 1 de cochons, 1 pharmacien, ! secrétaire et 1 cantonnier communaux, 2 institutrices, 1 sage-femme, 20 agriculteurs éleveurs et, enfin, pas trop de deux mains pour compter les ouvriers. Si vous comparez, avec la situation actuelle...

Nos femmes disent que I'eau, elle la prenait à leur puits. L' électricité, quant à elle, est apparue juste avant guerre. Tante Flora: « On n 'avait qu 'une ampoule et on était fier. »

Le rôle des épouses consistaient à aider les hommes, tenir la maison, le jardin, les animaux. Sauf pour les rares scolarises. Les femmes de cultivateurs allaient à la campagne,  trayaient, une vie dure. Je m'insurge :-« De misere » - « Non », protestent en choeur les trois anciennes. « On était heureux! » Tout le monde était pareil, on mangeait à notre faim nos produits (poules, moutons, légumes, cochons) et nous avions nos maisons.

«Et, comme moyens de locomotion? « On allait a pied, a vélo ou en tram a vapeur. » Jeanne en connaît tous les arrêts et les correspondances. Le tram transportait également des marchandises: charbon, betteraves et pulpe. Les chemins étaient empierrés, de temps cl autre, passaient des routières pour les écraser. Seuls, les laitiers, levuriers et marchands de pétrole possédaient une camionnette. Par contre le vendeur de légumes «sorets» se deplacait avec un cheval et une charrette. Thisnes comptait 3 bouchers. Les gens s'y fournissaient le dimanche ; en d'autre temps, ils consommaient leur production. Mais, nous possédions des tueurs de cochons, sans aucun contrôle bien entendu.

« J'ai l'impression que l'hiver, on mangeait beaucoup de carottes et de macaronis aux pommes de terre. »

Les autorites villageoises etaient : le « mayeur », le curé et l'instituteur. J'en refère à Pagnol.P (notre anonyme) me dit qu'il avait 5 ou 6 couturières, 1 tailleur et des tricoteuses de bas et elle ajoute: «Des rues pleines de bouses de vache.» La lessive se faisait dans une machine en bois qu' on tournait à deux. Le repassage à trois fers chauffés au feu et utilisés tour à tour.

Jeanne, bien qu'ayant fait ses moyennes, était cuisiniere. Elle a toujours su évoluer avec son temps. Si actuellement elle fait comme nous (en mieux), elle a débuté sur le poêle.

Cependant, elle ne nous envie pas nos divorces; elle ne nous pardonne pas nos abandons d'enfants, liés dit-elle a
I'indépendance de la femme et au fait qu'elle travaille a, I' extérieur.
Pour ce qui est des 50 ans de la tranche qui devait suivre, je laisse votre imagination ou votre savoir faire le reste. J'ai déjà abusé.

M. Heusicom.
PS Nos trois témoins n'ont pas voulu que leurs photos paraissent dans ce journal... C'est leur droit.
Alors, j'invite celles et ceux qui ne les connaîtraient pas a les imaginer; pour ce faire, je vous ai propose quelques suggestions sous forme de dessins... A vous de choisir.  J'espère que cette petite touche d'humour, sans intention malveillante, aura le don de faire sourire également nos interlocutrices.   En attendant, nous les embrassons bien affectueusement en les remerciant de leurs témoignages.
Bruno Heureux.